Récolte du nectar de Salvia pratensis par un bourdon

Mise en action du levier staminal

 

Les bourdons visitent les fleurs de Salvia pratensis essentiellement pour récolter le nectar. La mise en oeuvre de leur appareil buccal s'accompagne de la mise en action du levier staminal de la fleur qui leur dépose du pollen sur le dos. Comment un bourdon qui récolte le nectar, peut-il déclencher le basculement des étamines?
Position relative du disque nectarifère et de la pédale staminale
La pédale staminale située à l'entrée étroite du tube de la corolle maintient l'insecte visiteur à distance (environ 1 cm) du nectar produit par le disque nectarifère situé au fond du tube.
Pour récolter le nectar, le butineur doit obligatoirement posséder un dispositif buccal allongé car sa tête ne peut pas franchir la pédale.
Il faut également rappeler que les 2 pièces staminales (extrémités élargies stériles des connectifs) qui constituent la pédale sont solidarisées par un dispositif en anneau qui ménage un étroit passage (voir images ci-dessous).
Bombus sp. bien outillé pour récolter le nectar de Salvia pratensis
Différentes espèces de bourdons (genre Bombus) peuvent butiner Salvia pratensis. Pour récolter le nectar, ils utilisent un appareil buccal lécheur- aspirateur caractérisé par la présence d'un proboscis dont la partie distale , repliée sous la tête au repos peut déployer, sous l'effet de stimuli olfactifs, une longue langue velue qui leur permet d'atteindre le disque nectarifère situé au fond du tube de la corolle, alors que leur tête reste au niveau de la pédale.
Compléments : voir détail de l'organisation et du fonctionnement de l'appareil buccal de Bombus hortorum et de celui de Apis mellifera qui réussit également à récolter le nectar de la Sauge des prés.
Couplage récolte du nectar / mise en action du levier staminal avec distribution de pollen

Le bourdon vient de se poser sur la lèvre inférieure de la corolle d'une fleur au stade mâle, il s'agrippe aux lobes latéraux avec ses pattes antérieures et médianes. Il semble que la partie distale de son proboscis soit encore repliée sous la tête. Le butineur n'est pas encore dans la position idéale qui doit lui permettre de s'affranchir de "l'obstacle pédale" situé à l'entrée du tube de la corolle, pour pouvoir récolter le nectar. Le levier staminal n'est pas actionné par l'insecte.

Survolez l'image(à G.) avec la souris pour visualiser la position du levier staminal.

Rq/ La partie distale du proboscis est peut-être déja en partie dépliée, ce qui n'apparaît pas sur l'image interprétative.
Survolez l'image (à D.) pour visualiser la position la plus probable de la langue du bourdon ainsi que celle du levier staminal.

Le bourdon est en position idéale pour lècher et aspirer le nectar. Les étamines sont abaissées (phase statique).
On peut supposer, en considérant que le comportement du bourdon est proche de celui d'Apis mellifera (voir Martin Reith and al.) que le proboscis déplié du bourdon, guidé par la gorge de la corolle et par les lobes latéraux de la pédale s'est enfilé dans le passage en anneau situé à la base du levier alors que l'avant de la tête du butineur s'avançait un peu dans le tube de la corolle.
La poussée exercée sur la pédale par la tête et surtout par le proboscis déclenche la mise action du levier staminal en relation avec la mise en torsion du joint des charnières filet / connectif. Les filets, courts et bien fixés à la corolle, résistent aux contraintes. Les bras supérieurs des connectifs s'abaissent et leur courbure permet aux loges polliniques de venir en contact avec les poils du thorax ((ici) du bourdon alors que sa langue (flabellum) lèche le nectar.

Cette image, prise 2 sec. après la précédente montre le retrait, en cours, du proboscis. Les étamines sont toujours abaissées alors que la tête du bourdon n'exerce plus aucune pression sur la pédale du levier staminal qui reste activé uniquement par l'intervention de la langue.
Lorsque les forces (générées par le bourdon) s'exerçant sur la pédale s'annulent, le joint de chacune des charnières qui n'est plus alors soumis à des contraintes extérieures ne reste pas en torsion. Il reprend sa position initiale, ce qui libère le balancier. Les étamines reviennent à leur position de repos.
Le mouvement abaissement / relèvement des étamines peut être répété une douzaine de fois.